Abords du tram et de la véloroute dans la ZAC : ne créons pas un quartier sous « couvre-feu »

Il y a plus de dix ans, l’État a validé l’urbanisation du secteur situé entre la RD 35 et la rue de Meyrin. Cette validation a été assortie d’une DUP (Déclaration d’utilité publique). Plus récemment, l’État a labellisé la ZAC dans le dispositif « Territoire engagé pour le logement ». Ces choix doivent être assumés collectivement. Or, les « injonctions » environnementales comportent parfois des prescriptions totalement contradictoires.

À la création de la ZAC Ferney-Genève Innovation, aucun projet de tram n’était prévu. La validation du tram des Nations dans le Projet d’Agglomération 4 (période 2024-2028) offre de nouvelles perspectives à notre territoire et oblige néanmoins à une nouvelle étude concernant ce quartier désormais naissant. Cette étude d’impact préconise un grand nombre de mesures, celles-ci sont soumises à enquête publique. Vous pouvez consulter l’ensemble de ces documents et donner votre avis ici: https://www.registre-dematerialise.fr/6137/

Dans ma contribution, je rappelle que la sûreté et l’animation urbaine passent aussi par un éclairage nocturne adapté le long du tram, des cheminements piétons et de la véloroute : ni obscurité anxiogène, ni gaspillage lumineux, mais une lumière raisonnée qui évite de transformer ces futurs quartiers en zone de « couvre-feu ».

Urbaniser un secteur aussi vaste porte nécessairement atteinte aux milieux naturels. Les quartiers de Paimboeuf et Très-la-Grange, avec une densité moyenne de 200 à 250 logements par hectare, accueilleront à terme plus de 5 000 habitants ; cela crée forcément un impact sur l’environnement. Néanmoins, les futurs habitants de ces quartiers, tout comme les usagers qui y prendront le tram, ont droit à la praticité et à la sécurité ; en aucun cas ils ne devront subir un effet « couvre-feu ».

On ne peut donc pas imaginer que les cheminements ne soient pas éclairés à la tombée de la nuit et au lever du jour. C’est pourtant ce qui est préconisé pour le terminus du tram au Bisou (pp. 50-51 du document « Étude d’impact du tramway des Nations ») : pas d’éclairage entre les quais et le P+R. Ce n’est évidemment pas raisonnable, ni l’été… et encore moins l’hiver. Rappelons, si besoin, que dans notre région il fait nuit, cinq mois par an, lorsque les gens partent et rentrent du travail… Comment peut-on encourager le report modal en plongeant les passagers « intrépides » dans le noir complet ? Pour l’arrêt « Allée de la Tire », qui doit respecter la trame noire (p. 102), aucun éclairage public ne semble prévu non plus.

Par ailleurs, du fait de la restriction du nombre de places de parking dans la ZAC, au moins 30 % des habitants devront laisser leur voiture jusqu’à 300 m de leur logement. Comment justifier qu’on oblige un parent — chargé de provisions, tenant ses enfants par la main — à traverser, après la tombée de la nuit, un parcours parfois mal (ou pas) éclairé pour rentrer chez lui ? Une telle configuration fait peser une contrainte disproportionnée, et un risque non négligeable, sur des usagers potentiellement vulnérables.

Le tram constitue une avancée majeure en termes de mobilité collective pour la ville et les communes voisines, avec 15 000 passagers potentiels par jour. Tout doit être fait pour encourager son utilisation en considérant la protection de l’environnement comme un enjeu global (moins de voitures sur les routes grâce à cet équipement) plutôt qu’en empilant des contraintes localisées (en l’espèce, pour protéger les chauves-souris).

Le document précise également que l’allée historique de la Tire, qui longe le Nant, ne bénéficiera d’aucun éclairage (p. 102). C’est problématique, car elle sera structurante pour les piétons. S’il est évident que la ripisylve doit être considérée comme une réserve de biodiversité « résiduelle » (insectes, oiseaux, petits mammifères, batraciens, chauves-souris), il faut rester pragmatique : on pourrait, par exemple, installer un éclairage saisonnier (fonctionnant de l’automne au printemps) de manière intermittente (avant le lever et après le coucher du soleil jusqu’à 22h00) afin de permettre aux habitants de traverser le quartier en toute sécurité.

Créer une véloroute urbaine sans la doter d’un éclairage public… pas question!

Enfin, concernant la véloroute qui traverse tout le bas du quartier le long de la D 35, il est précisé qu’elle ne sera pas éclairée (p. 102)… Là encore, c’est un choix à revoir impérativement ! Cet axe permettra, à terme et en site propre, la liaison entre Ferney et Saint-Genis-Pouilly, ainsi qu’entre Ferney et le centre de Genève. On mesure dès lors combien il sera emprunté, été comme hiver, jour et nuit, par des cyclistes mais aussi par des piétons, avec le risque d’accidents entre les deux usages. Ici encore, la protection de l’environnement doit être appréhendée comme une politique globale, et non comme un enjeu purement local ; des aménagements cyclables et piétonniers sûrs et fonctionnels encouragent leur usage et réduisent donc la part de la voiture.

Deux analyses de besoins sociaux conduites par le CCAS en 2016, puis en 2023, montrent que Ferney-Voltaire est une ville qui souffre d’un manque d’attachement de ses habitants. Les choix en matière d’urbanisme contribuent à faire d’une rue, d’un quartier, un lieu de vie plaisant ou un dortoir sans intérêt. S’il est difficile d’inverser une tendance dans un lieu déjà urbanisé, ne pas prendre en compte la « qualité de vie » dans un secteur que l’on s’apprête à construire serait, en revanche, une faute.

Soyons fermes : l’éclairage des cheminements piétonniers et cyclables doit être repensé dès maintenant, en amont des travaux. En effet, les futurs habitants et usagers du quartier exigeront — à juste titre — ces équipements ; s’ils ne sont pas prévus aujourd’hui, il faudra les installer plus tard, pour un coût nécessairement plus élevé et alors entièrement supporté par la ville de Ferney.

Pour finir, le choix du tracé du tram dans la ZAC fait débat… Grâce à cette enquête publique, de nombreux Ferneysiens découvrent finalement le tracé et regrettent qu’il franchisse le Nant par le bas de l’allée de la Tire, l’éloignant ainsi d’une desserte plus directe du centre-ville historique. Le sujet a pourtant été tranché il y a déjà 5 ans par un vote du Conseil Communautaire. À l’époque, en amont, les élus de Ferney avaient plaidé pour un tracé passant sous le Châtelard. La résurgence de la controverse montre que l’information et la concertation ont été (peut-être) insuffisantes.

Le plan de financement du tram de Ferney progresse!

En début d’été, j’ai présidé à Bourg une réunion de présentation des modalités de financements européens pour les projets locaux. Le tram de Ferney-Voltaire, dont le coût global est évalué à 41 millions d’euros (HT, la TVA est récupérable) pour sa partie française sera probablement soutenu à hauteur de 8 millions d’euro par le fond européen FEDER France/Suisse.

Nous aurons la réponse dans quelques semaines, une validation par l’Europe permettrait de réduire le « reste à charge » de Pays de Gex Agglo à 12 millions d’euros sauf si d’éventuels autres financeurs se font connaître… L’Etat de Genève par exemple ? Je serai présent le 12/11 à Clermont-Ferrand pour le suivi régional des demandes de subventions européennes.
Ce fond (spécial mobilité collective ou douce) est doté de presque 70 mio d’euro pour la période 2021/2027. Ainsi il pourrait être également actionné pour contribuer à la véloroute Nations/Bisou voire même jusqu’à Prévessin offrant ainsi une avancée notoire à ce tronçon inscrit dans le PLUIH. Une autre piste consiste faire valider cette véloroute (Ferney-Saint-Genis-Pouilly) dans le PA5 (Plan d’Agglomération 5) dont les dossiers sont en cours d’examen. Ce dossier y est pré-inscrit à cette heure. Vous l’aurez compris, pour co-financer cet axe cyclable, les pistes existent.
Attention, dans le cas d’un dépôt via le FEDER France/Suisse, il faut un porteur de chaque côté de la frontière, cela pourrait être le canton de Genève puisqu’il doit de toute façon construire une véloroute le long du tram du Grand Saconnex. C’est une discussion à avoir lors du prochain Groupe de Travail Mobilité transfrontalier du 19/11…
Enfin… concernant le tram, il faut anticiper son arrivée. Aucun travail n’est actuellement mené sur cette question. quels sont les enjeux? Des flux importants de personnes vers et depuis Genève. J’y vois un potentiel économique et culturel renforcé pour notre commune, nos commerçants, nos associations car notre ville devient encore plus accessible aux Genevois. Travaillons à développer notre offre ! Ces flux peuvent aussi provoquer davantage de trafics et de délinquance… Nous devrons être prêts à y faire face.
A ce stade, nous ne savons pas quel sera le modèle tram utilisé… Avec caténaire ou à technologie TOSA comme cela existe déjà sur certains véhicules des TPG (recharge complète la nuit et opportune à chaque arrêt)… L’avantage du TOSA étant d’épargner l’environnement urbain en câbles et poteaux et d’en faciliter la maintenance…

Le mois de mai, propice aux bonnes nouvelles!

Le mois d’avril fut contrasté, d’abord chaud puis glacial… Dans la lignée des précédents, l’été s’annoncerait comme bouillant… Dans ce contexte qui illustre le dérèglement climatique qui nous touche de plus en plus, réjouissons-nous de quelques nouvelles qui, si elles ne changeront pas le climat à elles seules, nous faciliteront la vie et la rendra un peu plus agréable…

Ne débattons pas des mesures qui sont progressivement prises pour tendre à un avenir 0 carbone à l’échéance 2050. Pour avoir fait le test « Ma vie bas-carbone », je suis sceptique que ce puisse être possible d’atteindre les 2 tonnes par individu et par an (quand nous en sommes en général à 8 voire 10 tonnes chacun, chaque année). Le poids des services publics pesant lui-même 1 tonne dans nos bilans individuels.

Il est donc logique que les institutions travaillent à réduire leur propre empreinte, au bénéfice de tous… et en évitant tant que possible à augmenter le coût qu’elles représentent. En effet, si pour atteindre le 0 carbone les services publics doivent couter davantage, il faudra alors que les cotisants (entreprises notamment) doivent produire + pour compenser… produire + sans créer de dépense carbone supplémentaire: complexe!

Bref, c’est un débat très dense et récurrent alors abordons plutôt les bonnes nouvelles de ce mois de mai!

Abonnement TPG gratuit pour les moins de 25 ans à Genève…

Annoncé il y a quelques semaines par Pierre Maudet, conseiller d’état genevois en charge des mobilités, cette mesure se veut évidemment populaire et incitative pour une large partie de la population genevoise. De nombreux territoires (Montpellier récemment, Dunkerque depuis plusieurs années) ont ouvert progressivement le transport public à la gratuité. Les lois ne sont pas les mêmes partout et en Suisse, il reste un écueil juridique à lever pour qu’une « partie de la population représentant plus de 10% de l’ensemble de cette population » puisse profiter de cette gratuité… Nous saurons si cet écueil pourra être levé en début d’été. Avantage direct pour nous, territoires frontaliers, nos jeunes pourront en bénéficier. Sur ce point Pierre Maudet a été très clair: c’est la prise d’abonnement qui compte, pas le lieu de résidence. Il ne restera alors qu’à payer le trajet côté France, soit 1/4 de la note mensuelle.

Débattons du coût des transports!

Au sein du GLCT (Groupement Local de Coopération Transfrontalière) les échanges sont francs et sains. Ainsi, lorsque Christian Dupessey (Maire d’Annemasse et Président du Pôle Métropolitain) pose la question du coût résiduel des transports côté France dont 70% reste à la charge de nos collectivités alors que 80% des transportés le sont pour aller travailler à Genève, il met en exergue l’idée d’un équilibre à 50/50 ce qui permettrait de travailler à un réseau plus tangentiel qu’en étoile… J’ai profité de ce débat pour poser directement la question de l’extension de la zone 10 aux premières localités françaises: Ferney-Voltaire, Saint-Genis-Pouilly, Versonnex et Challex (zones 250 et 240)… Rappelons, si besoin, que Ferney était inclus dans le forfait « Tout Genève » jusqu’en 1998. J’écrirai dans les jours qui viennent à Pierre Maudet pour étayer plus formellement ma demande: simplification, incitation, justice sociale… Ce débat doit être tenu sur le fond dans le contexte de l’arrivée du tram de Ferney-Voltaire et du BHNS de Saint-Genis-Pouilly, tous deux pôles multimodaux bénéficiant de P+R…

Des bus électriques sur toutes les lignes TPG en 2030!

En réunion du Conseil du Léman vendredi dernier, nous recevions les TPG (il faut dire que nous étions en réunion chez eux au dépôt « En Chardon » route de Meyrin). Denis Berdoz, directeur général, nous a détaillé la stratégie bas-carbone de la régie avec l’objectif 100% électrique à l’échéance 2030, c’est demain! Cela signifie que nous aussi pouvons en bénéficier sur les lignes gessiennes! Le bus électrique a un évantage certain sur son prédécesseur: il est silencieux aux arrêts qui sont très souvent situés au milieu des bourgs où le long de rues denses. Pour autant, il faut d’ores et déjà prévoir l’électrification des bouts de lignes, de dépôts nocturnes mais également des arrêts intermédiaires, car les bus de type TOSA utilisé par le TPG peuvent se recharger le long des lignes, même pendant un court laps de temps.

Face à la pénurie de chauffeurs… des bus autonomes?

La question mérite d’être posée… Le Pays de Gex vit depuis quelques mois une pénurie de chauffeurs inédite.  D’abord conjoncturelle, cette pénurie devient structurelle… Le problème est largement partagé en France… pire encore, il l’est à Genève, et quand Genève est en pénurie de main d’œuvre, nous n’avons aucune chance (santé, grand âge, petite enfance, ingénierie, pour ne citer que quelques secteurs dont nous connaissons la fragilité…). Pour faire face, les TPG font l’expérience d’une navette autonome. Si le coût est élevé à cette heure, nul doute qu’il va devenir accessible, la technologie se démocratisant rapidement.

Une navette autonome en cours d’essai à la Clinique de Belle Idée (© Radio Lac)

Des vélos en libre service et transfrontaliers en 2027!

C’est une demande qui date… Pourquoi les VLS ne le sont-ils pas? Pourquoi je ne peux pas prendre un vélo à Saint-Genis, descendre à Genève et remonter en bus? Longtemps, ce fut l’argument de la TVA sur le véhicule à payer de chaque côté de la frontière qui primait. En vérité, c’est surtout le contrat genevois de VLS qui est très rigide. Ce contrat arrive à terme en 2027! Fruit d’intenses discussions, il est désormais acquis que le prochain appel d’offre exigera un service transfrontalier. Ainsi « de Nyon à Bonneville » (sans doute fin 2027) il sera possible d’utiliser un vélo en libre service sans avoir à le ramener à son point de départ!

Voilà, je tenais à partager avec vous ces avancées que je crois importantes et qui faciliteront la vie des Gessiens tout en contribuant à préserver l’environnement!

A votre service au quotidien!

Pierre-Marie Philipps

Coupe de bois à la Bagasse à Ferney, en janvier.

Coupe de bois en avril le long de la RD35A à Saint-Genis-Pouilly.

Situé à Saint-Genis-Pouilly, le secteur de la RD35A.

2 photos… 1 prise fin janvier dans les bois de Ferney, une forêt classée Espace Naturel Sensible, la coupe fait la moitié d’un hectare (coupe légale vérifiée)… L’autre prise avant-hier à Saint-Genis-Pouilly au bord de la RD35A (légalité à questionner en raison de la date de la coupe en période de nidification).
En soi… la coupe de bois, c’est normal, le bois est un matériau durable… et si l’on construit en bois… il faut bien couper des arbres quelque part pour cela.
Ce qui l’est moins c’est que justement… avant-hier, au cours d’une réunion impliquant le département, Pays de Gex Agglo et la commune de Saint-Genis-Pouilly, nous discutions du besoin d’équiper le tronçon RD35A – qui doit être requalifié prochainement – d’une piste cyclable bidirectionnelle et d’un cheminement piéton. Ce besoin qu’Aurélie Charillon et moi-même défendons depuis le début du mandat a le tord d’être bordé de bois et d’espaces humides, de plus il franchit le Lion.
Les études environnementales sont formelles, il sera très compliqué d’ajouter les mobilités douces à ce tronçon, en effet des espèces protégées comme le bruant jaune (dont la période de nidification correspond pile (!) aux dates de la déclaration de coupe de bois le long de la RD35) et le muscardin (une sorte de souris) sont répertoriés le long de l’axe. Les zones humides en bordure compliquent également tout projet.
Ainsi… en toute légalité et sans véritable contrainte de calendrier, on peut abattre des dizaines d’arbres dans le cadre d’une exploitation forestière, mais en abattre quelques-uns (que l’on peut replanter avec + de diversité d’espèces) pour réaliser un axe sécurisant pour nos concitoyens relève d’un parcours du combattant… Les dérogations nécessitent de trouver des zones de compensation de plus en plus rares et que l’on doit bloquer pour des décennies.
C’est désespérant et très inquiétant pour le futur de notre territoire comme je l’avais déjà mentionné dans ma lettre de septembre… « Est-il encore possible d’aménager le Pays de Gex« .
En fait, c’est très simple… soit l’on facilite les démarches de collectivités pour aménager des voies de communications (notamment les véloroutes) soit l’on complique également la construction (alors que le secteur du logement traverse une crise majeure)… Cette complication viendrait logiquement par ailleurs impacter le milieu économique et les projets de services publics.
Concernant les liaisons douces en particulier, il est impératif et urgent que le législateur (ré)examine les contraintes qui pèsent sur leur aménagement alors même que ces modes de déplacement sont les plus respectueux de l’environnement !
Le long de la RD35A, plusieurs pistes sont à l’étude pour trouver néanmoins des solutions ou un passage parallèle côté Pregnin ou côté Pouilly… Un grand merci à Hubert Bertrand, maire et à Moussa Ibrahim pour leur écoute et propositions.

Versement transport VS entreprises gessiennes, le débat a eu lieu!

Le « Versement Transport » est une taxe que l’agglo peut instaurer (ayant la compétence transport). Elle s’applique à toutes les structures de plus de 11 ETP (équivalents temps plein), et donc potentiellement aux collectivités. Le Pays de Gex en a débattu et en a repoussé l’adoption… Je vous explique pourquoi.

Ce n’est pas un secret le coût des transports en commune ne cesse d’augmenter atteignant désormais les 12 mio annuels en reste à charge pour Pays de Gex agglo. Il faut donc trouver des ressources pour continuer à accroitre ce service.

Le « Versement Transport » est un outil fiscal que l’agglomération pourrait mettre en place. Dans les faits il s’applique à chaque entreprise ou collectivité du territoire employant plus de 11 personnes à temps plein. Plusieurs fois évoqué, il fallait forcément en débattre. Ce fut le cas en commission mobilité de Pays de Gex Agglo puis au dernier conseil communautaire de mercredi 27 mars.

Le débat fut facilité par une petite étude montrant le gain potentiel annuel de 2’5 mio… Un montant non négligeable et concret qui montre aussi qui paierait… Sur ces 2’500’000 (environ 300€ par an et par employé à plein temps), outre nos entreprises, nos collectivités seraient mise à contribution pour plus de 20% du montant. Pire encore… l’hôpital de Tougin dont la situation financière est fragile contribuerait à lui seul à presque 100’000€.

Du point de vue des entreprises, les choses sont sans doute encore plus complexes, rares sont celles qui bénéficient des lignes de TPG pour acheminer leurs employés. Le risque pour elles est évident: contribuer à un service qui facilite l’accès des employés travaillant à Genève à leur détriment. En l’état et sans une évolution de l’offre en leur direction ce n’est évidemment pas acceptable. La discussion a longuement évoqué l’état de l’économie gessienne que l’on croit florissante ou fragile selon l’endroit de l’échiquier politique dans lequel on se situe. Je suis d’ailleurs surpris que l’agglo (qui dispose de la compétence économique) n’ait pas plus de chiffres sur l’état réel de notre économie locale.

Pour ma part, je considère que les entreprises gessiennes n’ont pas un quotidien simple… confrontées à la concurrence féroce des entreprises genevoises ou d’autres territoires de l’Ain, recruter et conserver leur personnel, conquérir des marchés est un combat quotidien. C’est à ce titre que je me suis prononcé contre l’instauration de cette taxe.

Par ailleurs, de nombreuses entreprises ont mis en place des aides à la mobilité douce au bénéfice de leurs employés. Si on les taxe, il est probable qu’elles réévaluent leurs contributions pour ne pas « payer deux fois ».

Sans doute qu’un débat avec le milieu économique gessien est à tenir dans les mois qui viennent car ce versement transport restera sur la table et sera sans aucun doute évoqué à nouveau après les élections de 2026.

A titre d’exemple la commune de Ferney-Voltaire devrait contribuer à hauteur de 60’000€ par an si le versement transport était instauré. A Ferney, je milite d’ailleurs pour l’instauration d’une aide à la mobilité douce de nos agents (comme à Prévessin) et d’une prime à l’achat de vélos pour nos habitants (comme à Divonne) alors même que la commune envisage de soutenir financièrement les abonnements TPG des Ferneysiens. A ce stade je n’ai pas été entendu.

Consultez la note communautaire sur ce sujet.

A votre service au quotidien!

Pierre-Marie Philipps

Est-il encore possible d’aménager le Pays Gex ?

A part le projet de coeur de ville initié à Gex il y a déjà 10 ans et qui se terminera en 2025, aucun grand projet communal ou para-communal n’est épargné par les difficultés sur notre territoire… Et chaque année la loi durcit les conditions pouvant faire aboutir des équipements pourtant cruciaux ou décidés de longue date.

L’abandon du projet ALTAREA de centre commercial à Ferney-Voltaire annoncé cette semaine par la SPL et Pays de Gex Agglo est symptomatique de la situation globale analogue des gros projets portés ou soutenus par les collectivités de notre territoire. Je n’évoquerai que peu l’attitude (ou la stratégie) d’Altarea sur le dossier… j’ai vraiment des doutes sur leur volonté réelle d’avoir voulu voir aboutir leur projet… Ce qui est certain, c’est qu’ils ont privé notre territoire de toute autre possibilité d’aménagement sur le secteur depuis qu’ils ont été lauréat du concours en 2017. Le fait qu’en mars ils aient choisi de ne pas renouveler (une lettre recommandée suffit à prolonger le délai) le permis de construire du cinéma provisoire qu’ils s’étaient engagés à réaliser n’était pas de bonne augure. L’histoire ne s’arrête peut être pas là puisque dans les jours qui viennent la cour de cassation va très probablement valider une nouvelle fois le permis de construire du centre commercial (!) A méditer (d’urgence quand même) pour la suite.
La liste est longue des projets englués dans les procédures et les retards. Si la ZAC (lancée il y a 10 ans) est l’exemple le plus facilement cité, il faut aussi lister la véloroute Gex-Ferney, le coeur de ville de Divonne, le projet Open à Saint-Genis, le projet « Sous les Vignes » ou de salle de spectacle de 1000 places à Saint-Genis également, l’aggrandissement de Val Thoiry, le coeur de village de Chevry très en retard et le projet d’aménagement de la Faucille devant être repensé forment une cohorte de projets devant héberger certes du commerce parfois massif, mais également des aménagements structurels, des services publics et du logement notamment social. Il faudra sans doute y ajouter bientôt le projet urbano-hospitalier de Ferney contesté dès son annonce…
Si les querelles politiques qui freinent notre territoire depuis toujours galvanisent les associations souvent porteuses des recours, il faut reconnaître que notre territoire peine à trouver la bonne méthode pour proposer, débattre, co-construire et enfin réaliser des projets d’envergure. Le consensus n’est pas gessien et il n’est pas rare de voir un maire battu à une élection attaquer le projet qu’il a lui-même porté parce que modifié par l’équipe qui lui succède (CF Maison des Cultures à Ferney en 2015). Ici et là on observe la même pratique, le candidat malheureux à une élection rejoint ou fonde une association de « défense » des intérêts (assez souvent les siens qu’ils soient matériels ou simplement égotiques) et se lance à l’offensive.

Le moindre recours même baclé fait perdre 18 mois, l’appel un an de plus…

Cette forme de « suicide collectif » ne freine que les projets sujets à concours, débats ou enquêtes publiques car pendant ce temps, l’urbanisme appliqué (ce qui figure dans le PLUIH) peut prospérer: les immeubles continuent de pousser amenant une croissance démographique hors norme avec peu de chance d’obtenir les services publics à lier à cet apport de population.

Et à la fin la loi ZAN* s’applique!

Dans quelques années ce dispositif issu de la loi « Climat et résilience » s »appliquera ici comme ailleurs… De prime abord, c’est un espoir pour des Gessiens qui – avouons le – sont totalement blasés de voir leur horizon barré de grues et leur rue bardée de béton…  Ainsi quand le ZAN s’appliquera il sera quasi impossible de déclasser de nouveaux terrains car l’application du principe ERC (Eviter, Réduire, Compenser) rendra toute opération soit impossible à porter, soit si couteuse que ceux qui la portent abandonneront.
Cette loi ne s’appliquera pas seulement aux d’immeubles que les gessiens qui les habitent aiment détester, elle s’appliquera à tout, même à un terrain de foot ou à une piste cyclable! Même si chaque commune pourra s’octroyer une petite surface (1 hectare non compressible) pour réaliser un projet ou des projets, celui-ci devra de toute façon faire l’objet de compensations… enfin le jour où les batailles juridiques qui ne manqueront pas auront cessé.

Et donc?

Et donc, j’en reviens à mon premier argument… trouvons enfin une méthode pour que les projets gessiens soient mieux partagés (et donc mieux travaillés aussi sans doute) car l’issue peut être fatale pour notre région avec des immeubles qui pourront toujours se développer (la redonne urbaine échappe au ZAN) et des équipements publics, commerciaux ou de loisirs qui n’auront plus aucune chance de voir le jour…

Que peut faire le législateur?

La première difficulté pour les projets publics ou d’envergure est la lourdeur administrative française régulièrement constatée. Tout est plus compliqué en France par rapport à l’Allemagne par exemple. La première urgence est de réduire drastiquement les délais d’étude des recours car un grand nombre de ces recours n’est destiné qu’à gagner quelques mois parce que ceux qui les initient savent que les délais d’instruction sont longs. Dans l’imaginaire collectif, un projet qui est attaqué depuis de nombreux mois et réattaqué alors que la justice donne tord à ceux qui portent les recours devient une sorte de chat noir, forcément un « mauvais projet »… Le jour où un recours sera traité en 4 à 6 mois (rêvons) il est presque certain que le dialogue qui fait défaut entre les parties retrouvera du sens, et ce, quelle que soit l’issue du jugement.
*ZAN: Zéro Artificialisation Nette, pour en savoir plus: https://www.lagazettedescommunes.com/833844/sapproprier-lobjectif-du-zan-en-6-etapes/

A votre service au quotidien!

Pierre-Marie Philipps

Au terme d’une concertation très large voulue par le président Jean Deguerry, l’assemblée départementale a choisi le projet qui sera étudié, mis à l’enquête publique pour être ensuite réalisé d’ici 2028.

Des études techniques et l’enquête publique de 2022 concernant un projet avec trémie 2×2 voies dans le sens Bellegarde-Ferney avait mis au jour un grand nombre de contraintes techniques (affleurement de la nappe annonçant le pompage probable de 2 mio de m3 d’eau), juridiques (le projet touchait une zone de protection naturelle) et pratiques (le passage des piétons et cycles n’était pas assez pris en compte).

Ce dernier point avait conduit les usagers cyclistes (notamment) et les associations locales qui les représentent (APICY et VELORUTION) à se prononcer clairement contre le projet présenté avec l’argument que le nouveau carrefour ne réglait absolument pas le problème actuel de franchissement. Les modes doux et le vélo en particulier (avec la forte progression du nombre de VAE*) sont pourtant d’ores et déjà un moyen fiable et rapide d’accéder à Genève (pour peu que la sécurité des trajets soit assurée). Je partageais pleinement cette analyse et ai pu en discuter plusieurs fois avec Apicy notamment.

La Porte de France… un vieux serpent de mer

Selon les interlocuteurs, le projet est sur la table depuis 5, 10 et pour d’autres 20 ans. En réalité la réalisation de la porte de France est un projet lié à la prolongation (ou non) de la 2×2 voies en direction de Segny. C’est surtout ce débat qui a provoqué atermoiements, reports et ajournement des débats de fonds sur ce carrefour majeur du pays de Gex (et de toute la région). La croissance démographique n’attend pas les décisions politiques et les projections de trafic à l’horizon 2040 laissaient présager une saturation totale du carrefour.

Il fallait donc trancher avec plusieurs contraintes: proposer un projet fonctionnel et (évidemment) utile au trafic, réalisable, juridiquement solide et respectant le plus possible les obligations environnementales de plus en plus sévères. Le coût des différents scénario oscillait entre 26 et 40 mio d’euro (travaux seuls et ht).

Un large échange entre collectivités

Aucun projet gessien (et sans doute aindinois) n’a fait l’objet d’autant de discussions entre les différentes collectivités. Certes ce projet incombe au département, mais le président Deguerry a souhaité faire des points d’étapes réguliers jusqu’à la décision et au vote de l’assemblée départementale. Le bureau de Pays de Gex Agglo, tous les élus Gessiens et de Saint-Genis-Pouilly ont donc eu accès aux projets et aux décryptages techniques et juridiques. Au cours d’un vote consultatif, le conseil communautaire gessien a plébiscité le fameux « Scénario 4B ». Siègeant à Pays de Gex Agglo j’ai moi-même voté pour ce projet approuvé par 42 voix et 3 abstentions. J’ai eu plusieurs fois l’occasion de défendre les avantages que le projet 4B portait à mon sens.

Alors pourquoi le choix du 3B ?

Au bénéfice d’une note juridique complémentaire et postérieure au positionnement de Pays de Gex Agglo, l’éxécutif départemental a choisi – finalement – de présenter au vote le scénario 3B. L’argument principal que tous ceux qui ont à porter des projets structurants connaissent est le risque d’attaques au tribunal administratif. En effet, la trémie transports en commun du 4B nécessite évidemment des lourds travaux de terrassement (94’000m3) et le pompage de plus d’un million de m3 d’eau de nappe. La volonté première du département est de réaliser la Porte de France et de ne plus reporter la réalisation d’un projet qui ne peut plus l’être.

Mon vote

Le projet 4B avec la trémie TC (pouvant accueillir le BHNS et un futur tram) et mobilités actives

Conscient des enjeux juridiques et au fait de nombreux recours sur des infrastructures essentielles dans notre pays, je comprends ce choix. Néanmoins, lors de la session des 3/4 juillet j’ai pu dire que les difficultés systématiques à réaliser de telles infrastructures sont « un mal français » que nos députés devraient aborder sans attendre. J’ai aussi demandé à ce que les travaux soient réfléchis de telle façon que le 4B puisse potentiellement être réalisé. Il est relativement simple techniquement d’éviter de poser des réseaux lourds à déplacer à l’endroit où la trémie TC pourrait être creusée (le dessin global des deux projets étant identique). J’ai également souligné que le scénario 3B permet des économies. J’ai donc demandé que ces économies soient consacrées au développement des liaisons douces en direction de Prévessin-Moëns et de Crozet et que le franchissement par souterrain soit également mis en oeuvre sur le carrefour RD35A (entre Porte de France et le feu du CERN Prévessin) qui doit être réaménagé dans les années qui viennent.

Concernant le vote formel, je me suis abstenu tout comme Aurélie Charillon, Muriel Bénier et Michel Brulhart.

Sur un plan local je peux comprendre et partage la déception de certains collègues, notamment à Saint-Genis-Pouilly. La commune attend depuis des années qu’un projet se dessine. Le « 4B » avec sa trémie pour les bus ou le tram offrait l’ambition d’un grand hub régional des transports au bénéfice du Pays de Gex centre et sud. Ce projet garantissait également une fiabilité totale des transports en commun quelle que soit la charge du trafic routier (bouchons, panne, accident). Il offrait (en prime) à la commune une image résolument orientée vers la modernité des choix des parts modales.

Il faut aller de l’avant!

Le choix étant fait, il faut maintenant avancer. Le rond point de la Porte de France est un point noir régional, très accidentogène et particulièrement dangereux pour les piétons et cyclistes. Des aménagements de sécurité ont été réalisés au printemps dernier. Ils peuvent sans doutent être améliorés comme le demandent les associations cyclistes associées au travaux récents. J’ai demandé à ce qu’une expérience de réduction à une voie à l’approche du rond point en venant de Meyrin et de Prévessin soit effectuée pour voir si cette réduction provoque encore plus de bouchons… ou pas.

 

* Vélos à Assistance Electrique

En conseil départemental aujourd’hui, au sein d’un ordre du jour dense, point sur le diagnostic et les orientations du futur Plan de Mobilité 01.

Sur un des aspects particuliers du plan, le travail déjà effectué reflète et intègre les demandes faites par les 6 conseillers départementaux du Pays de Gex lors des concertations, notamment sur le besoin fort pour le département de prendre en compte les mobilités alternatives et notamment le vélo sur les axes qu’il gère.

Très encourageant pour la suite, je suis – par ailleurs – sensible aux propos engagés du président #Deguerry sur la place du vélo dans les projets à venir.

Un état des lieux clair et des solutions ambitieuses pour faire du vélo la clé de la mobilité durable dans le Pays de Gex.